Refiguration de la lecture littéraire par les œuvres numériques

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  • L’une des questions qui se pose avec le plus d’insistance, dans la transition que nous connaissons d’une culture du livre à une culture de l’écran, est la place qu’on saura préserver à la lecture de textes littéraires. Comment maintenir, en culture numérique, des rapports complexes avec les textes, quand leur lecture n’engage plus exactement les mêmes gestes qu’auparavant, le codex étant remplacé par un écran d’ordinateur ? Pour amorcer cette réflexion, je commence par reprendre une description que Ben Marcus donne de la lecture. Cette brève présentation me permet, d’une part, de réfléchir aux gestes impliqués par cette pratique, quel que soit le dispositif utilisé (le livre ou l’écran); et, d’autre part, de donner à lire une œuvre hypermédiatique, essentiellement multimodale, Principes de gravité, de Sébastien Cliche (2005). La particularité de cette œuvre est qu’elle se présente comme un livre, mais un livre-écran. C’est une œuvre Web prenant la forme d’un livre, avec des pages, une couverture, une table des matières, un index, etc. Mais ce livre met à mal la logique qui prévaut à sa lecture : avancer dans Principes de gravité, c’est reculer; accumuler, c’est dilapider; et lire, c’est ultimement défaire le livre. On finit par comprendre que ce livre n’a pas été fait pour être lu ! Consulté, exploré, visionné, oui; mais lu dans sa totalité, non. On verra, en conclusion de cet article, ce que cela veut dire.

  • Le présent article s’intéresse à la lecture des œuvres littéraires numériques et à des stratégies permettant de dépasser les impasses argumentatives liées aux caractères numérique et interactif des œuvres. Le dépassement d’une approche superficielle et immanente pourrait passer par l’étude de la matérialité des œuvres, de leur dimension manipulatoire, ainsi que de leur manifestation (leur performance). En prenant en compte la dynamique propre aux dispositifs abordés et celle de la lecture active qu’ils commandent, ces trois éléments permettent à la fois une meilleure compréhension du fonctionnement des œuvres et l’identification de stratégies de lecture adaptées aux textes littéraires numériques.

  • Le développement et la diffusion des œuvres numériques pour la jeunesse s’accompagnent d’un ensemble de préoccupations (éditoriales, institutionnelles et, plus largement, sociétales) concernant leurs potentialités et leurs limites pour le développement cognitif de l’enfant et pour son entrée en lecture. Comment les jeunes lecteurs abordent-ils la lecture et la littérature sur support numérique ? Quels facteurs facilitent leurs apprentissages littéraciques et quels éléments semblent, au contraire, les entraver ? Comment les ressources multimodales et interactives sont-elles investies dans les processus de construction du sens ? Dans cet article, nous proposons de répondre à ces questions de deux manières. Dans un premier temps, nous interrogerons la littérature scientifique, et plus particulièrement les travaux ayant utilisé des œuvres de littérature numérique (ou numérisée) pour étudier des aspects de la réception chez les jeunes lecteurs. Dans un deuxième temps, nous présenterons les résultats d’une enquête empirique, menée avec deux classes françaises de CM1-CM2 en 2017, afin d’étudier la compréhension et l’interprétation d’une adaptation d’album contemporain en application littéraire. L’analyse de ces diverses contributions permettra d’esquisser un portrait nuancé et kaléidoscopique du jeune lectorat numérique, ainsi que des nouvelles compétences (Lacelle et al., 2017) nécessaires pour s’approprier les spécificités du « techno-texte » (Hayles, 2002) littéraire.

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